La FI.SE.MA – FIRAISAN’NY SENDIKAN’NY MPIASA ETO MADAGASIKARA – fut, officiellement, créée lors du Congrès de l’Union des Syndicats C.G.T. de Madagascar tenu du 15 au 17 Août 1956. Ce Congrès a décidé de changer la dénomination de l’ « Union des Syndicats CGT de Madagascar » en « FEDERATION DES SYNDICATS DES TRAVAILLEURS DE MADAGSCAR » et de malgachiser ses dirigeants, à la demande des syndicalistes malgaches.
Néanmoins, la FI.SE.MA n’est ni descendu du ciel, ni sortie brusquement de la terre, mais conçue par des travailleurs, lors d’une grève héroïque qui s’était déclenchée le 23 Octobre 1936 et durait deux ans, dans une grande entreprise de conserve à Tananarive dénommée « Société Industrielle et Commerciale de l’Emyrne » SICE. Le droit syndical et de meilleurs salaires ont été mis en avant.
Comme Madagascar était à l’époque une colonie française, le droit syndical en vigueur en Métropole n’y était pas appliqué et il a fallu attendre la sortie d’un décret autorisant la création des syndicats des travailleurs, élaboré par le gouvernement du Front Populaire et publié le 19 Mars 1937.
Le droit syndical fut alors reconnu mais uniquement pour les travailleurs sachant lire et écrire le français (pour pouvoir assumer des responsabilités). A cause de cette limitation du droit de se syndiquer, la majorité des travailleurs malagasy n’avaient pas pu s’organiser et jouir de la protection syndicale et protestaient contre le décret.
En dépit de cette reconnaissance cependant, ceux qui déposaient, le 7 Octobre 1937, les Statuts de l’Union départementale des Syndicats Ouvriers et Employés de Madagascar, à savoir Razafindrakoto Emmanuel, Andriananja Eloi, Rabarijaona Georges, Ratsimandresy Albert et Rasahoby, furent immédiatement traduits devant les tribunaux colonialistes. André Guyader – fondateur du premier syndicat dans lequel Malgache et Français sont admis, le Syndicat de l’Imprimerie Officielle, – entrait en relation avec eux. Il organisait avec quelques rares syndicalistes français partisans des syndicats unifiés, dont Pierre Boiteau et le Dr Bouillat, leur défense, assurée par Maitre Albertini. Le Ministère public devait abandonner les poursuites et les inculpés furent acquittés le 03 Juin 1938.
La reconnaissance du droit syndical – malgré ses restrictions – incitait de nombreux syndicats d’ouvriers et de paysans à se regrouper sous la direction de Dr Joseph RAVOAHANGY ANDRIANAVALONA. Ce syndicat adhéra alors à la CGT Unifié de France. A la veille de la guerre 39-45, il n’existait que trois syndicats mixtes affiliés à la CGT de France : le Syndicat unifié de l’Imprimerie Officielle (responsable : André Guyader) ; le Syndicat unifié de l’Assistance Médicale et des Services de Santé (responsables : Dr Bouillat et Dr Razafindratandra) ; le Syndicat unifié de l’Agriculture, de l’Elevage et des Eaux et Forêts (responsable : Pierre Boiteau).
Malgré les divisions et les restrictions, la lutte des travailleurs et la création de syndicats arrachèrent des acquis appréciables : relèvement notable des salaires ; suppression du Service de la Main d’œuvre pour les Travaux d’Intérêt Général – SMOTIG – forme dominante de travail forcé de l’époque, la promulgation d’une nouvelle réglementation abrogeant les amendes et emprisonnement en cas d’absence au travail, enfin la reconnaissance du droit syndical sans discrimination (décret du 1° Août 1938).
Quand la deuxième guerre éclatait, toutes les organisations syndicales encore mal assises étaient dissoutes. Le gouverneur général, Mr de Coppet, ayant opté pour le régime Vichy.
Après la libération avec l’aide des Anglais, fin 1942, l’Union des Syndicats C.G.T. de Madagascar se reconstitua, sur des bases unitaires, le 12 DECEMBRE 1943. Etaient élus au Bureau de l’Union : Dr Joseph RAVOAHANGY ANDRIANAVALONA et Pierre BOITEAU comme Secrétaires Généraux : Joseph JAUBERT, Secrétaire Adjoint ; M. FOURCHE, Trésorier. Etaient membres du Bureau : Emmanuel RAZAFINDRAKOTO, le professeur-assistant Raseta RAVELOMANANTSOA ; le Dr RAZAFINDRATANDRA ; André GUYADER, et M. LANNOIS.
Au mois de Septembre 1944, le journal « L’INTERSYNDICALE DE MADAGASCAR » organe de l’Union des Syndicats CGT de Madagascar, réapparut, après une suspension de parution sous le régime vichyiste.
A la veille des évènements sanglants de Mars 1947, l’Union des Syndicats C.G.T. de Madagascar comptait quatre unions locales, sept sections fédérales organisées, 89 syndicats et 14 000 adhérents en règle avec la trésorerie.
Immédiatement après les évènements du 29 MARS 1947, Dr Joseph RAVOAHANGY ANDRIANAVALONA, également député de Madagascar, était traduit en justice et condamné à mort, tandis que Pierre Boiteau fut rapatrié. Ces tristes évènements portaient un coup dur pour l’Union des Syndicats CGT de Madagascar : Nombreux de ses militants étaient arrêtés et subissaient de sévères répressions. Les activités syndicales s’étaient énormément contractées.
Comme noté plus haut et pour stimuler et renforcer la lutte de libération nationale, le Congrès de l’Union des Syndicats C.G.T. Madagascar, tenu au mois d’Août 1956 avait décidé de malgachiser sa dénomination pour devenir FIraisan’ny SEndikan’ny mpiasan’i MAdagasikara en abrégé FI.SE.MA. , et sa direction tout en gardant la structure et la conception syndicale originelles.
L’octroi de l’indépendance politique en 1960 n’a apporté que peu d’amélioration aux conditions de vie et de travail du peuple malgache en général, et pour les travailleurs en particulier. Les colonialistes ont en effet trouvé une autre forme de domination et d’exploitation : le Néo-colonialisme. Ainsi, en 1971-72, la majorité du peuple malgache avait manifesté pacifiquement pour le changement du régime en place. La FI.SE.MA. avait contribué à la concrétisation de cette aspiration populaire aboutissant à la mise en place de la Seconde République. Il en était de même contre le pouvoir pseudo-socialiste du régime RATSIRAKA en 1991-92 et son régime néo-libéral de pouvoir personnel en 2001-02. Le siège de la FI.SE.MA. sis à SOARANO, devenait, ainsi, pendant un certain moment, le Quartier Général des Etat-majors syndicaux, politiques et des organisations de la société civile favorables au changement et avait failli, pour cela, être incendié.
Depuis des années, en dépit de son indépendance syndicale, la FI.SE.MA coopère et lutte avec les autres Centrales Syndicales et souvent avec la société civile, y compris les Eglises dans plusieurs domaines :
Sur le plan syndical: la quête d’un salaire vital adéquat, la mise en place d’un vrai système de sécurité sociale, l’effectivité d’un vrai dialogue social avec le patronat et l’Etat; la mise en œuvre de la DECLARATION DE L’OIT RELATIVE AUX PRINCIPES ET DROITS FONDAMENTAUX AU TRAVAIL
Sur le plan politique : pour la mise en place d’un Etat de Droit, la bonne gouvernance, l’alternance démocratique, le respect des droits fondamentaux (droit de l’Homme, droit et liberté syndicaux ……), la protection de l’Environnement, pour la paix mondiale ;
Sur le plan économique: contre la globalisation dans sa version ultra-libérale actuelle et contre les mesures prises par la Banque mondiale et le Fonds Monétaire International dans le cadre des programmes d’ajustement structurel et du PSRP ; pour la coopération et un vrai partenariat entre les pays riches et les pays pauvres et l’atteinte des OBJECTIFS DU DEVELOPPEMENT DURABLE.
La FI.SE.MA est présente dans plusieurs régions de Madagascar ainsi que dans les diverses branches d’activités économiques nationales : Finance, Télécommunication, Commerce, Industrie, Restauration et Hôtellerie, Entreprises Franches, Energie et Mines, Education, Fonction Publique.
Elle représente les travailleurs dans les structures tripartites au sein du Conseil National du Travail, et siège dans les Conseils d’Administration de fonds sociaux : pour la protection sociale (Caisse Nationale de Prévoyance Sociale, Service Médicale Inter-Entreprises, ainsi que les centres de formation des travailleurs Institut National du Travail,).
La FI.SE.MA. est membre de l’Organisation de l’Unité Syndicale Africaine – OUSA .
La FI.SE.MA est également affiliée à la CONFEDERATION SYNDICALE INTERNATIONALE – C.S.I. – créée en NOVEMBRE 2006.
Par ailleurs, la FI.SE.MA. est membre fondateur de la Conférence des Travailleurs de Madagascar (C.T.M.) et fait partie du Comité de Coordination.
Le 10° CONGRES de la FI.SE.MA., tenu les 18 et 19 JUIN 2019 dernier, réaffirme son indépendance vis-à-vis de l’Etat et de la classe politique en général; elle soutient et encourage les bonnes actions de l’Etat en faveur des travailleurs et de la Nation. Par contre, elle s’oppose énergiquement contre toutes politiques et actions allant à l’encontre des intérêts légitimes des travailleurs et de la Nation.